Investir dans le vin : le guide complet pour rentabiliser vos placements

Les investissements atypiques intéressent de plus en plus les Français qui cherchent une alternative aux placements traditionnels et leurs faibles taux d'intérêt. Le vin devient dès lors une classe d'actifs attrayante avec un marché estimé à 22,82 milliards d'euros en 2022.

Le baromètre annuel de Cavissima indique toutefois qu'il s'agit d'un secteur relativement méconnu du grand public. Si 25% de la population hexagonale est intéressée par l'investissement dans ce domaine, le manque d'information freine 55% des investisseurs potentiels. 36% d'entre eux n'effectuent aucune démarche dans ce sens en raison du manque d'espace pour stocker des bouteilles rares dans les meilleures conditions.

Taux, votre comparateur de finances personnelles, propose ici un guide complet pour vous aider à investir dans le vin. Avantages, limites, modalités, conseils et astuces… Découvrez l'essentiel à retenir pour faire vos premiers pas et rentabiliser vos placements.

Quel est l'intérêt de l'investissement dans le vin ?

La France est en passe de redevenir le premier producteur de vin avec une fabrication supérieure à celle de l'Italie. Le service statistique du ministère français de l'Agriculture estime en effet que les 84 000 viticulteurs français produiront 47 millions d'hectolitres de vin en 2023. Cette performance correspond à une hausse de 2% par rapport à l'année précédente et de 6% comparativement à la moyenne 2018-2022.

Un actif rare de grande qualité

Les investisseurs qui s'intéressent à ce secteur visent particulièrement les bouteilles d'exception. Ils représentent environ 1% du volume produit et se bonifient avec le temps. Les vins d'appellation d'origine protégée ou contrôlée (AOP/AOC) et les liqueurs prestigieuses sont les plus recherchés.

Le classement, l'appellation et la production limitée de cette catégorie en font un actif rare. Le fait qu'il prend de la valeur a une incidence directe sur son prix et sa rentabilité, d'où l'intérêt d'investir dans le vin.

Une demande en forte croissance

Les grands crus bénéficient d'une notoriété internationale. Il s'agit de boissons fabriquées avec les raisins triés avec soins et provenant des meilleurs vignobles. Le processus est réalisé par les viticulteurs les plus expérimentés pour garantir un conditionnement optimal. Cette situation crée une forte demande en dépit de l'inflation ambiante.

Parmi les bouteilles les plus demandées, il y a le :

• Romanée-Conti,
• Angélus (Saint-Émilion),
• Haut-Brion,
• Petrus,
• Mouton Rothschild.

Les vins millésimés s'obtiennent à partir des cépages récoltés la même année. Pour un même cru, il y a plusieurs millésimes avec une variation notable sur le goût en fonction de l'ensoleillement et de la température dans les vignobles. Le prix de la bouteille peut ainsi passer du simple au double. Un millésime 1945 du domaine de la Romanée-Conti a d'ailleurs atteint 482 000 euros lors d'une vente aux enchères en 2018.

La clientèle des vins de luxe n'est pas aussi vulnérable au contexte économique que celle des crus de consommation. La hausse de la demande, notamment en Chine, est un motif suffisant pour investir dans ce domaine.

Plusieurs avantages fiscaux

La vente occasionnelle de vin n'a aucune incidence fiscale pour son auteur. Si les revenus que vous générez excèdent 5 000 euros par an, vous devez toutefois déclarer la plus-value. Il suffit alors de remplir le formulaire 2092 au cours du mois qui suit la transaction.

Investir dans le vin permet de bénéficier d'un abattement de 5% sur vos bénéfices bruts pour chaque année des bouteilles. Le décompte commence après la seconde année de détention. La plus-value nette est frappée par 19% d'impôts et 17,20% de prélèvements sociaux.

Si vous achetez des parts dans un groupement foncier viticole (GFV), l'abattement sur les revenus varie entre 50 et 75%. Le taux applicable dépend du montant investi.

Une rentabilité intéressante

Investir dans les grands crus revient à miser sur des actifs dont les cours se sont traduits par une progression moyenne de 4 à 8% par an sur 20 ans. Certaines valeurs surperforment les indices, ce qui aide à couvrir plus facilement les frais liés à l'investissement initial.

Il faut plusieurs décennies aux meilleures liqueurs pour révéler toutes leurs subtilités. Chaque bouteille bue d'un millésime amenuise par ailleurs le stock disponible. Ce type d'actifs se raréfie et ses cotations évoluent progressivement. Une note Parker plus élevée que 97/100 garantit donc une très bonne rentabilité.

Choisissez les bouteilles dont le prix d'achat excède 50 € TTC si vous envisagez un rendement significatif. Il y a moins de coûts fixes qui grèvent vos placements si vous optez pour les vins très chers.

Quels sont les risques d'investir dans le vin ?

En dépit des perspectives intéressantes de rentabilité, le vin est un investissement risqué. Vous devez notamment tenir compte de différents points avant d'investir dans cette classe d'actifs.

Les fraudes et les contrefaçons

Il y a de nombreux cas de falsifications de crus, de détournements d'appellation et de faux grands crus avec des étiquettes ou des bouchons contrefaits. Cette situation liée au rayonnement international du vin français appelle à la prudence, surtout dans le cadre d'un placement sur le long terme.

Vérifiez systématiquement l'authenticité des bouteilles que vous souhaitez acquérir. Accordez une attention particulière aux détails :

• l'étiquette,
• le bouchon,
• les numéros de série,
• les codes-barres.

N'hésitez pas à demander un certificat d'authenticité pour confirmer la provenance de vos actifs. Taux recommande aussi d'acheter vos bouteilles par caisse pour réduire le risque de contrefaçon et faciliter la revente. Si vous passez par un intermédiaire, consultez la liste noire de l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour confirmer sa crédibilité.

Les fluctuations de prix

Le marché du vin est cyclique. Il n'existe par ailleurs aucun critère pour prévoir l'évolution du prix d'une bouteille. Il y a donc un risque lié à la volatilité du cours, d'où l'intérêt de suivre l'actualité de ce secteur.

L'inflation en 2023 touche à la fois les matières premières, l'énergie, les bouteilles, les cartons et le transport des caisses. Elle s'applique aussi aux salaires indexés pour une hausse générale d'environ 40%. Cette augmentation n'est pas ressentie en l'état par le consommateur final, car les viticulteurs préfèrent rogner sur leurs marges que perdre des clients. Dans les faits, la hausse est estimée entre 3 et 5% par bouteille.

Les fluctuations de prix entraînent un risque de moins-value pour l'investisseur. Il est encore plus important si vous êtes pressé de revendre vos actifs.

Le stockage, la conservation et le vol

Le vin est conditionné dans des contenants fragiles. Le transport et la conservation sont donc délicats et indispensables pour préserver la valeur du cru. Vous devez notamment :

• maintenir une température permanente de 10 à 14 °C,
• stocker les bouteilles dans un lieu sans lumière,
• garantir un taux d'humidité d'environ 70 °C dans l'espace d'entreposage.

En dehors de ces conditions strictes, la détention du vin peut être difficile à cause de plusieurs aléas. Il y a par exemple un risque d'inondation ou d'incendie de la cave. Le vol et le recel de grand cru obligent par ailleurs les châteaux à moderniser la surveillance de leurs entrepôts avec des moyens très coûteux.

La négligence est également un risque lié à la constitution d'une cave personnelle. L'un de vos proches peut par inadvertance ouvrir un Mouton Rothschild 2015 estimé à 1390 € en le confondant à un Mouton Cadet 2015 de 15 €.

Quelles sont les différentes manières d'investir dans cette classe d'actifs ?

Il y a deux méthodes d'investissement dans le vin : constituer votre propre cave ou faire appel à des professionnels. Si la première approche est la meilleure pour les passionnés d'œnologie, elle reste chronophage et nécessite de solides connaissances. Taux récapitule ici les 6 principaux leviers qui s'offrent à vous.

1. Les achats en primeur

Ils consistent à acquérir les bouteilles convoitées auprès de leurs producteurs. Vous pouvez le faire directement ou passer par une plateforme spécialisée.

L'investissement direct

Cette méthode est privilégiée pour les grands crus classés de Bordeaux, de Bourgogne ou du Rhône. La vente en primeur repose sur une ancienne tradition de prévente des châteaux. Ils peuvent ainsi obtenir les liquidités nécessaires pour faire face aux coûts de fonctionnement de leurs domaines viticoles.

En optant pour cette approche, vous achetez le vin avant la fin de sa phase de maturation. L'acquisition se fait sur les produits en barrique dans le chai du viticulteur. Ils sont en général mis en bouteille et livrés 24 mois plus tard.

L'avantage de l'investissement direct est lié aux tarifs attractifs de la vente. Ils se justifient par la réduction des frais de stockage, de publicité et de commercialisation des producteurs.

Les plateformes spécialisées

La majorité des propriétés intéressantes pour l'investissement sont uniquement accessibles par l'intermédiaire des plateformes ayant des allocations spéciales. Les châteaux et domaines préfèrent passer par ces négociants pour faciliter la commercialisation de leurs produits. Vous pouvez obtenir plusieurs formats de vin, de la demi-bouteille au flacon de 18 litres (Melchior).

Parmi les sites spécialisés dans la vente en primeur, les plus connues sont Millésima, Vinatis et Lavinia. Ils fournissent les tendances actuelles, présentent les valeurs qui montent et donnent des conseils pour éviter les pièges lors de l'acquisition de vos bouteilles.

Il s'agit par ailleurs de professionnels parfaitement intégrés dans les divers cercles de grands vins. Ils peuvent donc se ravitailler auprès des références les plus exclusives.

2. Les caves d'investissement

Il s'agit d'un concept plutôt récent sur la base duquel l'investisseur passe par un mandataire pour investir efficacement dans le vin. Si cette méthode implique un certain nombre de coûts, elle permet de profiter de cette classe d'actif même si vous n'êtes pas un spécialiste de l'œnologie.

Les caves en ligne proposent plusieurs services et formules. Elles garantissent des conditions de conservation et une sécurité optimale pour les bouteilles achetées. Ces professionnels se distinguent aussi des autres par la diversification des crus et millésimes qu'ils proposent au public.

Il s'agit d'une solution adaptée si vous n'avez pas une grande cave à domicile pour stocker le vin autour de 12 °C avec une hygrométrie proche de 70%. Optez également pour cette approche pour limiter le risque de cambriolage. Avant de vous lancer, n'oubliez pas de prendre en compte les recommandations de l'AMF (Autorité des marchés financiers) pour les placements atypiques.

Tableau comparatif des 3 meilleures caves d'investissement dans le vin

3. Le crowdfunding viticole

Cette forme de financement participatif aide les viticulteurs à financer leurs projets d'exploitation sans passer par les établissements bancaires. Pour les contributeurs, le crowdfunding viticole est un bon moyen de prendre part à l'aventure en :

• recevant des bouteilles du domaine en contrepartie,
• obtenant un intérêt en numéraire,
• devenant actionnaires de l'entreprise viticole.

Vous devez passer par des plateformes spécialisées qui proposent plusieurs types de projets. Il peut s'agir de financer l'achat de plusieurs hectares de vignes, de participer à la constitution d'une cave de stockage ou de faciliter l'acquisition de barriques. Certains vignerons sollicitent aussi les internautes pour créer leur salle de dégustation.

N'investissez qu'avec une plateforme qui détient les agréments AMF et ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution). La structure de crowdfunding viticole doit donc être reconnue comme conseiller en investissement participatif (CIP) et intermédiaire en financement participatif (IFP).

4. Les groupements fonciers viticoles

La méthode la plus directe pour investir dans le vin est l'achat de vignes. Il s'agit cependant d'une solution difficile à mettre en place en raison du prix élevé de l'hectare en France. Les groupements fonciers viticoles permettent aux investisseurs d'acquérir des parts de vignobles avec un fonctionnement semblable à celui des groupements forestiers d'investissement (GFI).

Plusieurs contributeurs s'associent pour acheter des vignes dans une région porteuse. L'exploitation du terrain est ensuite confiée à un viticulteur qui conserve le plus souvent les deux tiers de la récolte. Il vend ensuite la partie restante pour le compte du groupement.

En tant qu'investisseur, vous avez le choix entre percevoir vos dividendes annuels ou les convertir en bouteilles. Le rendement varie selon les récoltes. Vous pouvez également réaliser une plus-value lors de la revente de vos parts en fonction de l'évolution du marché.

5. Les fonds d'investissement

Il s'agit de placer une fraction de votre patrimoine dans un véhicule d'investissement spécialisé dans le vin. Vous ne conservez aucune bouteille en cave, car le placement est purement financier.

La société de gestion cible les vignobles de Bourgogne, de Bordeaux, de Champagne et d'Italie sur la base d'une analyse œnologique. Elle obtient ensuite plusieurs vins rares qu'elle conserve le temps de leur valorisation. La structure revend ensuite les crus puis réinvestit les bénéfices pour accélérer la croissance du fonds.

Bien qu'il s'agisse de la solution privilégiée par les investisseurs, elle présente quelques limites. Les tickets d'entrée sont en général élevés. Le rendement n'est pas suffisamment intéressant. Les frais liés à la gestion du fonds tournent quant à eux autour de 3,5%, ce qui est plutôt contraignant.

6. Les sites de petites annonces et d'enchères

Il est possible d'investir dans le vin en effectuant des acquisitions sur des plateformes en ligne comme Leboncoin et eBay. Les investisseurs utilisent ces passerelles notamment pour le rachat de caves privées.

Certains sites spécialisés comme iDealwine offrent quant à eux un marché d'enchères pour réaliser de bonnes affaires. Ils proposent par ailleurs une cotation et un historique des divers crus pour faciliter la prise de décision.

Sur les sites d'enchères, vous avez accès à une expertise systématique des bouteilles présentes. L'objectif de cette approche est de proposer une fiabilité accrue pour éviter d'acheter des flacons de plusieurs milliers d'euros qui s'avèrent être des contrefaçons.

N'oubliez cependant pas que les cotations sont très fluctuantes et parfois hasardeuses en l'absence d'un historique fiable des transactions. Taux recommande donc de coupler les systèmes de cote. Vous pouvez par exemple utiliser iDealwine et Wine Decider ou Wine-Searcher. En accédant à une base de données de plus de 100 000 bouteilles actualisée au quotidien, vous pouvez établir un prix moyen de marché avec plus de justesse.

Comment sélectionner vos vins ?

Seuls quelques grands crus classés ont le potentiel d'offrir un rendement suffisamment intéressant pour investir dans le vin. Vous souhaitez constituer votre propre cave d'investissement ? Tenez compte des conseils suivants pour identifier les bouteilles les plus rentables.

Misez sur les meilleures régions viticoles

La France a l'une des collections de grand cru et de vins de garde les plus importantes au monde. Vous devez donc cibler les régions les plus prolifiques, mais également les terroirs qui proposent les meilleurs cépages pour identifier les bouteilles à ajouter à votre cave.

La Bourgogne

Il s'agit d'une région avec un climat particulièrement favorable depuis plusieurs années. Le réchauffement des températures en Bourgogne a en effet conduit à la production de plusieurs millésimes de grande qualité (2010, 2012, 2014 et 2015).

De nombreux producteurs mondialement reconnus y exploitent leurs vignes :

• Domaine Bouchard Père et Fils,
• Maison Louis Jadot,
• Domaine Trapet Père et Fils,
• Maison Faiveley.

De Beaune à Gevrey-Chambertin en passant par Chablis, la Bourgogne propose quelques-uns des meilleurs vins blancs du monde. Vous pouvez trouver des grands crus à base de Chardonnay avec un potentiel de garde de 50 ans.

Bordeaux

La région bordelaise est probablement la plus associée à la viticulture en France. Les vignerons qui s'y trouvent ont su tirer le meilleur parti du climat, du sol et des cépages disponibles pour produire un large choix de grands crus classés.

À Bordeaux, vous pouvez investir dans des bouteilles de 1855 comme le Château d'Yquem (Appellation Sauternes) et le château Haut-Brion (Appellation Pessac-Léognan). La ville de Saint-Émilion propose notamment les châteaux Ausone et Cheval Blanc. Misez également sur les châteaux Mouton Rothschild et Latour de Pauillac pour diversifier vos placements.

La Perle d'Aquitaine propose aussi d'autres bouteilles d'exceptions telles que le château Margaux (Appellation Margaux) et le château Lafleur (Appellation Pomerol).

La vallée du Rhône

Le vignoble de ce territoire est très étendu. Il en résulte des cuvées classées en deux sous-régions : le Rhône Septentrional et le Rhône Méridionale.

Dans le Rhône Septentrional, vous trouverez plusieurs appellations prestigieuses :

• Côte-Rôtie,
• Condrieu,
• Hermitage,
• Saint-Joseph,
• Crozes-Hermitage.

La partie plus au sud se distingue surtout par ses rouges. Investissez dans des bouteilles de Gigondas, Châteauneuf-du-Pape et Vacqueyras.

Les vins du monde

Si la France, l'Espagne et l'Italie forment le trio des plus grands producteurs viticoles, de nombreux autres pays abritent des vignobles à fort potentiel. Il s'agit notamment des États-Unis avec les vins de la Napa Valley en Californie.

Le Mexique, l'Argentine, l'Uruguay, le Chili et plusieurs autres pays d'Amérique du Sud produisent des bouteilles réputées dans le monde entier. La région de Mendoza représente 70% du vignoble argentin avec des crus principalement basés sur le malbec.

Privilégiez les bons millésimes pour un investissement rentable

Afin d'investir efficacement dans le vin, vous devez analyser les millésimes de chaque région qui vous intéresse. La qualité du produit, les prix de vente initiaux et la quantité produite sont quelques-uns des points à examiner avec attention.

Si le millésime 2013 de Bordeaux est plutôt standard, il est d'une excellente qualité dans le Languedoc-Roussillon. L'année 2015 a quant à elle donné lieu à des vins d'exception dans toutes les régions viticoles. Ces bouteilles sont donc fortement recherchées.

Les investisseurs en quête de rentabilité ont tendance à privilégier les millésimes exceptionnels. Les bouteilles de 2009, 2015 et 2016 impliquent toutefois beaucoup de patience avant d'envisager une revente.

A contrario, les millésimes classiques proposent parfois les meilleures performances. À titre illustratif, le 2013 de Bordeaux était accessible en primeur à des prix très bas. Le coût moyen de ces bouteilles a bien augmenté depuis lors.

Il n'y a pas de scénario idéal. Investissez aussi bien dans les vins de 2012 ou 2014 qui se consomment rapidement (5 ou 6 années de détention) que dans les millésimes aux positionnements prix agressifs (2013 ou 2019). L'objectif est de diversifier votre cave d'investissement pour ventiler les risques sur de nombreux millésimes.

Choisissez les vins bio et biodynamiques

Les boissons plus respectueuses de l'environnement et de la santé sont de plus en plus populaires en Europe, en Amérique et en Asie. Il s'agit donc d'un bon axe d'investissement.

Une tendance qui se confirme

Les vins bio et biodynamiques se présentent comme l'avenir du monde viticole. Une étude a d'ailleurs démontré que plus d'un consommateur sur deux (55%) vérifie la présence d'une certification environnementale lors de l'achat de sa bouteille.

L'objectif de cette attention est de :

• confirmer la qualité pour 48% des répondants,
• respecter l'environnement pour 44% d'entre eux,
• connaître l'origine et le cycle de production du vin pour 37%.

Le label « Agriculture Biologique » est en tête des recherches (85%) suivi par celui des « Vignerons Engagés » (36%). Autre statistique notable : 53,3% des Français se disaient prêts à payer plus cher une bouteille si elle affichait un label environnemental en 2022.

Certaines régions profitent déjà des conditions météorologiques plus favorables pour devenir les précurseurs de cette forme de viticulture.

Un large choix pour les investisseurs

Vous souhaitez investir dans le vin bio ? Ciblez les domaines et châteaux qui s'engagent dans cette transition :

• Château Angélus à Bordeaux,
• Château de La Tour en Bourgogne,
• David Duband en Bourgogne.

L'agriculture biologique promue par la famille Avril dans la vallée du Rhône permet par ailleurs de mieux représenter ce terroir. À cela s'ajoute la réputation de son domaine. Vous pouvez donc investir une partie de votre patrimoine dans le Clos des Papes qui en résulte.

Une préférence pour les vins biodynamiques d'investissement ? La famille Cathiard en région bordelaise s'engage dans une démarche complète dans ce sens avec le compostage des déchets et un chai à énergie positive. Elle réalise aussi le recyclage du CO2 produit en bicarbonate de soude. Le château Smith Haut Lafitte offre donc un fort potentiel dans ce secteur.

La Maison Chapoutier au sud de la vallée du Rhône, le château Pontet Canet à Bordeaux au sommet de l'appellation Pauillac et le domaine Rossignol-Trapet en Bourgogne sont également des pistes à envisager. En Espagne, le Flor de Pingus à Ribera Del Duero pratique la biodynamie depuis 2005. N'hésitez pas à vous diversifier.

Les conseils de Taux pour rentabiliser vos placements viticoles

Même si vous êtes enthousiaste à l'idée d'investir dans le vin, il convient de rester vigilant. Au vu des risques inhérents à ce placement atypique, Taux vous donne les principaux points sur lesquels vous devez mettre l'accent.

Définissez un budget précis et analysez le marché

Contrairement à l'immobilier, il n'existe pas de règles précises qui régulent le marché du vin. À ce titre, cette classe d'actifs présente un risque semblable à celui des cryptomonnaies, de l'or, des montres et des voitures de collection. La modération est de mise et chaque placement doit résulter de recherches poussées sur des marchés très spécifiques.

L'AMF recommande de ne pas investir plus de 5% de votre patrimoine dans ce domaine. Selon votre profil de risque, vous pouvez aller jusqu'à 10%. Vous devez néanmoins être très passionné et bien vous documenter pour envisager ce seuil. Vous pouvez aussi déléguer le choix des bouteilles et la répartition de vos fonds à un professionnel agréé.

Long terme et diversité : les clés de la réussite

À l'instar de l'investissement en actions, vous devez envisager vos placements dans le vin comme une solution sur le long terme. La volatilité peut être très forte dans ce domaine. Il faut donc un horizon minimum de 8 ans pour espérer un rendement intéressant.

Ciblez uniquement les vins de garde. Il s'agit des crus qui se bonifient avec le temps quand ils sont conservés à la bonne température et au bon taux d'humidité.

La diversification est l'une des clés dans ce secteur, puisqu'il n'existe aucun tracker de grand cru pour orienter vos choix. La large gamme de caisses et de bouteilles disponibles permet cependant de pallier ce manque. L'idée est de cibler plusieurs régions à la fois :

• Bordeaux comme valeur sûre,
• Bourgogne pour le grand nombre d'appellations,
• Vallée du Rhône et Alsace pour les vins bio.

Visez par ailleurs différentes propriétés bénéficiant de l'appellation Grand Cru. Il y en a environ 30 en Bourgogne et 60 en région bordelaise.

Certaines années aident à produire des liqueurs d'une excellente qualité tandis que d'autres donnent lieu à des résultats mitigés. Soyez très sélectif en ce qui concerne le millésime de vos bouteilles.

Le dernier levier de diversification est le prix. Une bouteille allant de 50 à 250 € se revend assez facilement. Vous pouvez toutefois miser sur quelques vins plus chers toujours dans une logique de diversification.

Les vieux millésimes : une fausse bonne idée ?

Si les millésimes les plus anciens sont rares, ils s'adressent aussi à un public bien précis. Certaines bouteilles valent très cher, mais la demande est plus fluctuante qu'avec les flacons classiques. Pour rentabiliser vos investissements, privilégiez les vins ayant au maximum une vingtaine d'années.

Il convient aussi de manipuler ces produits avec une extrême précaution et le moins possible. Chaque déplacement peut accélérer le vieillissement du contenu. Si vous optez pour cette catégorie, assurez-vous de pouvoir créer un environnement loin :

• des vibrations,
• de la lumière,
• des variations de température,
• des odeurs malodorantes.

Vos vieux millésimes doivent toujours être couchés à l'horizontale pour garantir la conservation optimale de leur bouchon. En principe, il peut tenir jusqu'à 50 ans. Le risque qu'il glisse augmente cependant après 30 années de détention.

Vous pouvez toutefois reconditionner la bouteille fragilisée au château d'origine. Il remplace le bouchon avec un nouveau modèle qui porte le millésime et la date du changement.

L'autre inconvénient des vieux vins est lié au niveau du flacon. Procédez parfois à une mise à niveau. Dans ces cas, vous pouvez sacrifier 1 bouteille sur 6 pour régulariser les 5 autres.

Examinez les précédentes conditions de stockage

Votre investissement dans le vin peut commencer par un rachat de cave. Le risque ici est lié aux conditionnements des produits avant l'opération. Contact avec des vibrations, changement de températures, grand nombre de déplacements… Il y a plusieurs paramètres que vous ne pourrez pas forcément vérifier et qui influent sur la valeur de vos actifs.

Portez une attention particulière au niveau de chaque flacon ainsi qu'à la couleur du contenu pour avoir une idée de la qualité de sa conservation. N'hésitez pas à tester une ou plusieurs bouteilles de la même provenance pour renforcer votre position. Il s'agit toutefois d'une méthode approximative.

Sur quels critères devez-vous vous baser pour considérer un vin comme un bon investissement ?

Tous les grands crus ne font pas de bons placements. Taux vous donne les 3 principaux paramètres à considérer dans la quête de l'actif idéal.

1) L'appellation et le classement

Certaines AOC ont une prévalence sur le marché en raison de la réputation du Domaine ou du Château qui les produit. En Bourgogne, c'est notamment le cas de Premier Cru Les Amoureuses qui se distingue par l'unicité de son terroir.

Chaque changement au sein d'une propriété est susceptible d'augmenter la qualité ou la notoriété de son vin. Il peut s'agir :

• d'une innovation,
• d'un nouveau type de viticulture,
• d'une restructuration du vignoble,
• d'un changement de propriétaire, d'œnologue, de direction ou de conseiller.

Les investissements réalisés au chai améliorent aussi la qualité des produits. Tous ces facteurs permettent d'apprécier le potentiel de votre investissement.

Au-delà du critère de l'origine, tenez compte des changements de classements au sein d'une même appellation. Ils ont un impact significatif sur le potentiel d'investissement d'un vin.

2) La rareté

Certaines appellations sont par ailleurs connues pour produire de très petites quantités. Le millésime bourguignon de 2021 en est le parfait exemple. Le Chambolle-Musigny est d'ailleurs très prisé, même s'il ne s'étend que sur 58 hectares pour les premiers crus. Cette situation crée de la rareté et confère à ces liqueurs une valeur supplémentaire sur le marché.

En Italie, certains vignerons sont connus pour produire quelques cuvées au cours des millésimes d'exception. Il s'agit notamment de Brunello di Montalcino et du Piémont dont les produits ont une très forte valeur marchande à la revente.

Les éditions limitées portant une étiquette commémorative ou spéciale sont également de bons placements. À l'occasion des 200 ans du château et pour célébrer le millésime exceptionnel, le château Margaux 2015 s'est commercialisé avec une bouteille complètement opaque et gravé en or. L'édition a entraîné une hausse de 122% de la valeur du vin en moins d'un an.

3) La réputation et la liquidité du vin

Les crus de luxe sont ceux qui génèrent une demande très importante en France, mais aussi à l'international. Le château Lafite Rothschild et les autres Premiers Crus Classés de Bordeaux sont notamment très appréciés en Asie.

La notoriété ne suffit pas pour motiver votre décision. Le vin doit également être liquide sur le second marché. Examinez à ce titre la quantité des échanges entre professionnels et les historiques de valorisation.

Le Liv-Ex Power 100 est considéré comme l'indicateur qui combine ces deux notions. Pour valider vos choix, recherchez :

• la performance annuelle de prix du vin,
• le niveau des échanges sur le Liv-Ex en valeur et volume,
• le nombre de millésimes et de références échangés sur un an,
• Le prix moyen des vins de la propriété.

Dans le précédent Power 100, il y a 4 très grands crus bordelais parmi les 9 premiers du classement. Il s'agit du château Lafite Rothschild, du château Mouton Rothschild, du château Margaux et du Pétrus. La Bourgogne est également bien représentée avec les domaines Leroy, Armand Rousseau et Romanée-Conti.

Conclusion

Investir dans le vin est avant tout une démarche passionnée, même si les grands crus constituent un actif patrimonial à part entière. Comme tout placement, il doit être effectué de manière réfléchie sur la base d'une vision sur le long terme. Lancez-vous uniquement si vous avez la capacité de laisser fructifier ce patrimoine liquide pendant 1 ou 2 décennies.

Taux, votre spécialiste des finances personnelles, est revenu sur les bonnes pratiques à mettre en place pour réussir dans ce secteur. N'hésitez pas à utiliser les recommandations de ce guide complet pour constituer votre propre cave d'investissement ou pour trouver l'intermédiaire dont vous avez besoin.

FAQ

Est-ce rentable d'investir dans le vin ?

Le rendement moyen que vous pouvez espérer d'un investissement dans le vin oscille entre 5 et 6%. Cette estimation est bien plus élevée dans le cas d'une cave patrimoniale. Avec cette solution, il est possible d'atteindre jusqu'à 22% sur le long terme.

Comment investir dans le vin ?

Vous pouvez investir dans le vin en achetant les bouteilles (en primeur, avec une cave d'investissement, sites d'enchères) ou grâce à l'achat de vignes. Vous pouvez aussi le faire à travers un fonds d'investissement spécialisé ou en finançant un projet de crowdfunding. Consultez le guide complet de Taux pour en savoir plus.

Quel vin choisir pour investir ?

Les grands crus ou les vins de garde sont les cibles des investisseurs, car ils se bonifient avec le temps. La plus-value à la revente dépend aussi du millésime, de la réputation du viticulteur et de la qualité du conditionnement des flacons. Privilégiez les grands vins de Bourgogne, de Bordeaux et du Rhône pour créer une cave diversifiée.

Quel vin prend le plus de valeur ?

Parmi les grands crus, il existe une catégorie restreinte de crus qui font l'objet de très nombreux échanges et qui ne cessent de s'apprécier. Le vin qui prend le plus de valeur est ainsi celui qui a à la fois un bon classement, un faible volume de production et une bonne notoriété. Les domaines les plus recherchés sont notamment le Romanée-Conti, le Coche Dury et le Mouton Rothschild.

Quel pays est le meilleur producteur de vin ?

L'Italie est au sommet du classement des producteurs, mais la France est pressentie comme le meilleur en 2023 avec une production estimée à 47 millions d'hectolitres. L'Hexagone compte aussi plusieurs régions parmi les meilleures au monde comme l'Alsace, la vallée du Rhône, la Bourgogne et Bordeaux.

Comment reconnaître un vin de qualité ?

Les vins d'exception ont une robe intense et brillante de manière régulière. Les meilleurs crus se bonifient avec le temps avec une altération de leur couleur. Dans le cas des rouges, la teinte est claire et tend vers une couleur violine au début puis elle tire vers l'orange avec l'âge.

Qu'est-ce qui fait le prix d'un vin ?

Le prix d'une bouteille est défini par l'offre et la demande, le gain souhaité et le coût de revient. Il varie donc de trois à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Pour l'investissement, visez les bouteilles de 50 à 250 €.