Inflation : définition, fonctionnement et lutte

Inflation : définition, fonctionnement et lutte

Faisant partie des termes économiques les plus connus, l'inflation a plongé plusieurs pays dans une longue période d'instabilité. Déclarée ennemie publique numéro 1 aux États-Unis par le président Ford en 1974, elle se présente comme un phénomène majeur pour l'économie mondiale. Quelles sont ses causes et pourquoi est-elle si importante ? Pour répondre à ces questions, Taux vous propose ce guide qui vous dit tout sur l'inflation.

Qu'est-ce que l'inflation et comment est-elle mesurée ?

La notion d'inflation vient du latin « inflare » qui signifie « gonfler ». Elle se définit comme le taux d'augmentation des prix sur une période donnée. Si cette mesure est très souvent large (hausse globale des prix ou du coût de la vie dans un pays), elle peut être calculée de façon plus étroite pour certains éléments comme l'alimentation ou les services.

Peu importe le contexte, l'inflation mesure le renchérissement d'un groupe de biens ou de services sur une période donnée (en général une année). Il est donc nécessaire d'engager des politiques de prévention et de lutte contre l'inflation afin de réduire ses effets néfastes sur le plan social et économique.

En France, l'inflation se mesure mensuellement par l'institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Cela se fait à travers l'indice des prix à la consommation (IPC) et l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH).

Pour calculer l'inflation en zone euro, Eurostat (l'organisme chargé de la production de statistiques européennes harmonisées) se sert de l'IPCH. Il s'aide aussi d'autres indices produits par les organismes de statistiques des pays membres de l'Union européenne (UE).

L'indice des prix à la consommation

Afin de calculer l'indice des prix à la consommation, l'INSEE observe la variation des prix de milliers de produits et services. Le détail des prix étudiés n'est pas rendu public de peur que les producteurs les modifient, ce qui fausserait les statistiques.

Les biens et services sont réunis dans plusieurs catégories auxquelles une pondération est attribuée. Celle-ci est annuellement mise à jour en fonction de leur poids dans la consommation moyenne des Français. En 2022, l'alimentation pesait 14,7%, le logement 15,5%, les transports 14,2%, la restauration 6,6% et l'habillement 3,5%. L'IPC ne prend pas en compte l'évolution des prix de l'immobilier, car un achat immobilier est considéré comme un investissement et non comme une consommation.

Entre 2000 et 2022, la hausse de l'IPC a été en moyenne de 1,5% par an, car le prix du gaz a augmenté de 4% en moyenne par an, le fioul domestique de 2,7% et le tabac de 6,2%. À l'inverse, les prix moyens de la santé ont baissé de 0,2% par an. Ceux des loisirs de 0,3% et ceux des communications de 1,7%. Les variations de prix prennent enfin en compte l'évolution de la quantité. Par conséquent, si le prix d'un médicament est inchangé alors que sa qualité augmente, l'INSEE considère que son prix a baissé.

Exemple de calcul de l'inflation réalisé par Eurostat

Quantités achetées (année de référence)

Prix (année de référence)

Prix (un an après)

Prix (deux ans après)

À l'unité

Total

À l'unité

Total

À l'unité

Total

150 baguettes

1,5 €

225 €

1,3 €

195 €

1,6 €

240 €

100 tasses de café

2,4 €

240 €

2,4 €

240 €

2,15 €

215 €

12 coupes de cheveux

20 €

240 €

22 €

264 €

23 €

276 €

Une veste d'hiver

145 €

145 €

176 €

176 €

160 €

160 €

Prix total

850 €

875 €

891 €

Indice des prix

100,0

102,9

104,8

Taux d'inflation

2,9%

1,8%

L'indice des prix à la consommation harmonisé

Dans la zone euro, la hausse des prix à la consommation est mesurée par l'IPCH. Le terme « harmonisé » qui le distingue de l'IPC signifie que l'ensemble des pays de l'Union européenne ont adopté la même méthodologie afin que les données puissent être comparées.

Une telle mesure permet de suivre l'évolution des prix dans l'économie. Elle se présente comme une carte aidant la BCE (Banque Centrale Européenne) à maintenir la stabilité des prix en veillant à ce que l'inflation reste faible, stable et prévisible à un taux de 2% à moyen terme.

L'IPCH dépend du montant moyen que les ménages dépensent pour un produit. Si la pondération du café est de 0,4%, une variation de son prix n'aura pas de répercussion sensible sur l'IPCH global. À l'inverse, lorsque la pondération de l'essence est de 4,6%, une variation de prix identique (en pourcentage) à celle du café aura une incidence dix fois plus forte sur l'IPCH.

Le calcul de l'IPCH se fait à l'échelon national puis à l'échelle de la zone euro. La méthodologie de calcul de l'IPCH respecte les étapes suivantes.

Relevé des prix

Des millions de prix sont relevés chaque mois dans des points de vente physiques et en ligne. Ces derniers sont recueillis dans toute la zone euro et couvrent près de 295 catégories de produits. Pour chaque produit, plusieurs prix peuvent être relevés dans des points de vente ou dans des régions différentes.

Pondérations des groupes de produits

Les différents groupes de produits sont pondérés selon leur poids dans le budget des ménages. Afin que l'indice soit pertinent et tienne compte de la modification des habitudes des consommateurs, les pondérations sont révisées à intervalles réguliers. Elles sont établies grâce à des enquêtes menées auprès des ménages en vue de connaître la répartition de leurs dépenses. Les pondérations sont des moyennes nationales reflétant les dépenses de tous les types de consommateurs (riches, pauvres, jeunes, seniors, etc.).

Pondération des pays

Les pondérations des pays sont calculées en fonction des parts respectives de chaque pays dans le total des dépenses de consommation au sein de la zone euro. Après l'évaluation stratégique en 2021, le conseil des gouverneurs a opté pour l'inclusion des coûts associés à la propriété d'un logement dans l'IPCH. Cette mesure permet de mieux refléter l'expérience des ménages en matière de hausse des prix.

Quelles sont les causes et conséquences de l'inflation ?

Les périodes prolongées de forte inflation sont souvent la cause de politiques monétaires laxistes. Lorsque la masse monétaire s'accroît un peu trop par rapport à la taille de l'économie, la valeur unitaire de la monnaie diminue (son pouvoir d'achat baisse et les prix augmentent).

Causes de l'inflation

Quatre différents facteurs sont à l'origine de l'inflation.

L'inflation par les coûts

L'accroissement du prix des matières premières pèse sur les coûts de production des entreprises. C'est aussi le cas si, à cause de la faiblesse du chômage, elles doivent augmenter les salaires afin d'attirer de nouveaux employés. Pour conserver leurs marges bénéficiaires, les sociétés augmentent leurs prix, ce qui provoque un saut inflationniste. Les salaires étant indexés sur l'inflation, la hausse des prix est automatiquement répercutée sur le niveau des salaires (qui s'accroissent à leur tour). Lorsqu'une nouvelle hausse des prix a lieu, un cercle vicieux inflationniste se met en place.

L'inflation par la demande

Si la demande de produits ou services s'accroît et que l'offre n'est pas en mesure de s'adapter, les prix sont poussés à la hausse. Les entreprises doivent alors mettre en œuvre des programmes d'investissement afin d'embaucher de nouveaux salariés et d'accroître leur production.

Tant que les quantités produites ne parviennent pas à satisfaire la demande globale, la hausse des prix se poursuit cependant. Une telle situation est typique d'une économie qui sort d'une longue période de faible croissance. Dans ce contexte de sortie de conjoncture morose, les entreprises tardent à réagir à la hausse de la demande pour leurs produits, car elles souhaitent d'abord écouler leurs stocks. Elles désirent également avoir la confirmation du caractère durable de la reprise avant de mettre en œuvre les programmes d'investissement.

L'inflation importée

La dépréciation du taux de change d'une monnaie par rapport aux principales devises de facturation du commerce mondial (dollar, livre sterling, yen et euro) entraîne l'augmentation du coût des produits importés. Ce renchérissement des importations a des répercussions sur tous les secteurs de l'économie et touche aussi bien les ménages que les entreprises. Un tel phénomène peut également être causé par une forte hausse des cours des produits énergétiques et agricoles sur les marchés mondiaux comme c'est le cas avec la guerre en Ukraine.

L'inflation par excès de création de monnaie

Pour certains économistes, l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire. Ces derniers considèrent que l'inflation apparaît parce que le stock de monnaie qui circule dans l'économie est plus important que la quantité de biens et services proposés. C'est donc l'excès de création de monnaie par les banques commerciales ou le financement du déficit public par la banque centrale qui est à l'origine de l'inflation. Dans un tel contexte, l'inflation est alimentée par un excès de demande et par la dépréciation du taux de change.

Conséquences de l'inflation

S'observant dans les économies en développement (dans lesquelles la demande de bien augmente plus vite que l'offre à la suite de l'élévation du pouvoir d'achat), l'inflation n'a pas que des conséquences néfastes.

Une inflation modérée est bonne pour l'économie

Une hausse régulière, mais modérée de l'inflation produit de nombreux effets positifs. Cela permet aux entreprises de réaliser une anticipation de la hausse des prix sur le moyen et le long terme. Le caractère prévisible de la hausse des prix est favorable à la décision d'investir, car l'incertitude sur les revenus futurs engendrés est réduite.

Une hausse modérée incite les ménages à placer leurs excédents de liquidités plutôt que de les conserver sur leurs comptes bancaires, car l'érosion monétaire pourrait réduire le pouvoir d'achat de leur épargne. L'inflation modérée aide donc à assurer un équilibre entre le niveau d'épargne et le niveau d'investissement. Sans cela, les taux d'intérêt pourraient grimper, ce qui aurait pour conséquence de limiter les projets d'investissement des entreprises.

Une hausse de l'ordre de 2% par an est enfin l'idéal pour conserver les taux d'intérêt à des niveaux peu élevés. La BCE (qui est chargée de fixer les taux directeurs) n'a ainsi pas besoin de restreindre les conditions d'octroi de crédit pour atteindre son objectif de politique monétaire. Cela est favorable pour la croissance économique, car les entreprises et les ménages peuvent emprunter à des conditions financières incitatives.

Une inflation trop forte est mauvaise

Lorsque la progression de l'inflation est trop forte, cela peut avoir des conséquences néfastes sur l'économie tout entière. Une telle situation peut entraîner la dégradation de la compétitivité des prix des produits fabriqués dans le pays par rapport à ceux fabriqués à l'étranger. Si les prix des produits domestiques deviennent plus élevés que les mêmes produits fabriqués à l'étranger (pour la même qualité), cela occasionne une baisse des exportations et une hausse des importations. Dans ce cas, la baisse de l'activité des entreprises domestiques est susceptible d'entraîner des réductions d'effectifs et donc une hausse du chômage.

Une trop forte hausse de l'inflation renforce l'incertitude quant au niveau futur des prix. Les entreprises font donc preuve de prudence en matière d'investissement, car elles ont du mal à anticiper la rentabilité de ceux-ci. Enfin, une telle situation pénalise les ménages si leurs salaires ne sont pas indexés sur la hausse des prix. Cette perte du pouvoir d'achat qu'ils subissent les conduit à réduire leur consommation ou à retirer leur épargne afin de maintenir leur niveau de vie.

À qui profite une inflation élevée ?

Si l'inflation pénalise les créanciers, elle favorise les emprunteurs, car le niveau réel de leur dette diminue. Les épargnants sont également touchés puisque leurs économies perdent de la valeur. Parmi les personnes souffrant de l'inflation figurent aussi les retraités et les bénéficiaires de prestations sociales. L'indexation des pensions ou des prestations n'est en effet pas instantanée, mais décidée par le gouvernement après un certain délai. Pour les retraites, la revalorisation fixée à 4% à partir du 1er juillet 2022 n'a pas été rétroactive. Par conséquent, la perte du pouvoir d'achat des mois précédents n'a pas été rattrapée.

À l'inverse, les salariés qui bénéficient d'augmentations équivalentes à l'inflation préservent leur pouvoir d'achat. Quant à ceux qui en profitent pour prendre un crédit à mensualités fixes non indexées sur l'inflation, le poids de leur remboursement par rapport au revenu diminue. Les perdants de l'inflation sont donc les personnes âgées, car elles dépendent de leur retraite et de leur épargne.

Sous certaines conditions, l'inflation peut enfin être favorable aux finances publiques et aux caisses sociales. La hausse des prix des biens augmente les recettes de TVA et la hausse des salaires accroît les sommes récoltées au titre des cotisations sociales. De même, la dette publique (qui est le plus souvent non indexée sur l'inflation) connaît une baisse de sa valeur par rapport au PIB qui s'accroît.

Ces deux arguments sont toutefois à relativiser en fonction de la cause de l'inflation. Quand elle est portée par la demande et par la croissance (comme cela a été après la crise sanitaire), les recettes fiscales augmentent et la dette se réduit. En revanche, si l'inflation est provoquée par des produits importés, l'emploi et la croissance sont négativement affectés. Dans ce cas, elle n'est pas bonne pour les finances publiques, car c'est toute l'économie qui s'appauvrit.

Quel est le réel impact de l'inflation sur votre argent ?

L'inflation se présente comme un robinet qui fuit. Au départ, la quantité perdue semble négligeable, mais son impact au fil du temps est surprenant. Taux vous propose de découvrir les effets de l'inflation sur vos liquidités, votre épargne, vos actions et vos obligations.

Inflation sur les liquidités et l'épargne

L'inflation érode toujours la valeur des liquidités. Sur de petits achats, son impact passe inaperçu. Sur une épargne en vue d'acheter une maison dont la valeur est d'un million d'euros, une inflation de 5% nécessite toutefois de débourser 50 000 euros de plus pour acquérir le bien. Il en est de même pour les achats plus modestes comme une voiture ou un appareil technologique coûteux. Leurs prix peuvent subir une forte augmentation sur une courte période.

Valeur de 50 000 euros pour une inflation annuelle de 2, 3 et 4%

Taux d'inflation

Aujourd'hui

Dans une dizaine d'années

Dans une vingtaine d'années

Dans une trentaine d'années

2%

50 000 €

41 000 €

33 650 €

27 600 €

3%

50 000 €

37 200 €

27 700 €

20 600 €

4%

50 000 €

33 800 €

22 800 €

15 400 €

Inflation sur les actions et les obligations

Les personnes qui réalisent des investissements dans les sociétés deviennent actionnaires et peuvent prétendre à une partie des actifs et des bénéfices de l'entreprise. Ce sont cependant les performances qui déterminent la valeur des actions. Celle-ci peut donc varier en fonction de facteurs économiques comme l'inflation.

Lorsque les salaires sont élevés et que l'économie sous-jacente est forte, les consommateurs disposent des moyens nécessaires pour acheter les produits de l'entreprise. Dans ce cas, une hausse des bénéfices profite aux actionnaires qui reçoivent un meilleur retour sur leur investissement. En revanche, lorsque les salaires n'augmentent pas et que l'économie est fragile, les consommateurs sont incapables d'acheter les biens et services de l'entreprise. Cela occasionne une baisse de la demande et des bénéfices avec des rendements moins intéressants pour les actionnaires.

L'investissement dans les obligations consiste à prêter de l'argent à l'émetteur des titres (une grande entreprise ou l'État). Lorsque l'obligation arrive à échéance, l'émetteur doit rembourser la somme d'argent initialement prêtée avec des intérêts. Le taux d'intérêt étant fixe, une inflation élevée érodera la valeur du revenu perçu. De même, l'inflation peut avoir une incidence sur la valeur sous-jacente de l'investissement. Si vous achetez 100 euros d'obligation à l'État avec un taux d'intérêt de 3% et que l'inflation est supérieure à 3%, la valeur de l'investissement diminue. Dans ce cas, lorsque l'État aura remboursé son prêt, vos 100 euros auront été dévalués par l'inflation.

Quels placements pour se protéger de l'inflation ?

Certains placements se présentent comme de véritables remparts face à l'inflation.

L'or

Performant dans un environnement inflationniste de long terme (comme ce fut le cas dans les années 1970), l'or est une valeur refuge quand l'économie est agitée. Investir dans l'or permet de préserver la valeur de son patrimoine et par la même occasion son pouvoir d'achat.

Il est très souvent conseillé de détenir une partie de son portefeuille d'investissement en or. Limitez-vous toutefois à 5 ou 10%, car l'or ne joue pas toujours son rôle de valeur refuge. En tant qu'actif financier autour duquel il y a beaucoup de spéculation, une surexposition sur l'or pourrait réserver de mauvaises surprises.

L'immobilier et les SPCI

Les sociétés civiles de placement immobilier (SPCI) se présentent également comme des investissements intéressants en cas d'inflation. La pierre est un actif tangible qui a tendance à s'apprécier lors des phases inflationnistes, car sa valeur augmente en même temps que l'inflation.

Puisque l'indice de référence des loyers est indexé à l'inflation, un bailleur n'a enfin pas à subir ses affres. Le secteur de l'immobilier a cependant fait l'objet de spéculations ces dernières années en raison de la faiblesse des taux d'emprunt. Une hausse des taux due à l'inflation pourrait donc avoir un impact négatif sur le marché de l'immobilier.

Les matières premières

L'inflation étant liée au prix des matières premières, il est intéressant d'en détenir pour annuler ses effets négatifs. En cas d'inflation, le prix des matières premières augmente, car elles conservent leur valeur d'usage. Ce fut le cas dans le domaine de l'énergie avec le pétrole et le gaz qui ont été les principales sources d'inflation du 1er semestre de l'année 2022.

Il n'est cependant pas recommandé d'investir l'ensemble de ses avoirs dans les matières premières, car s'il se produit un reflux de l'inflation, leur cours peut baisser.

Pourquoi l'inflation est-elle soudainement élevée ?

Plus de 7% en France, environ 9% en Allemagne et un taux record de 20% dans certains pays de la zone euro. L'inflation, qui est soudainement apparue en 2022, se maintient en 2023. Le phénomène est assez complexe, car il n'obéit mécaniquement pas à la théorie quantitative classique selon laquelle l'inflation serait avant tout un phénomène monétaire.

Durant la longue phase où les taux directeurs étaient bas, les banques centrales ont contribué à la création de monnaie sans que cette hausse de la masse monétaire fasse bouger l'inflation. Cette hausse a des raisons à la fois conjoncturelles et structurelles.

Les raisons conjoncturelles

Si l'inflation est en général mesurée sur un an, après deux ans de pandémie, le niveau servant de référence devient particulièrement bas. Ce n'est toutefois pas la seule raison conjoncturelle.

La reprise des activités après la pandémie et la guerre en Ukraine

Depuis la reprise de l'activité après la crise du Covid-19, les consommateurs rattrapent une partie de leurs demandes reportées. Dans un tel contexte, il est facile pour les entreprises d'augmenter les prix sans perdre leurs clients. La reprise des activités a également des effets sur l'offre comme le rétablissement des chaînes d'approvisionnement et d'acheminement qui est onéreux. De même, la politique zéro -Covid de la Chine, qui a entraîné la fermeture des usines et de certaines villes, a rendu le processus encore plus compliqué.

La guerre en Ukraine fait également partie des raisons conjoncturelles. Depuis février 2022, l'intervention militaire russe en Ukraine a en effet fait monter les prix de nombreuses matières premières comme le pétrole, le gaz, l'huile et le blé. La baisse des exportations ukrainiennes a engendré un tarissement de l'offre sur les marchés et a poussé les prix à la hausse. Les sanctions contre la Russie ont enfin obligé de nombreux pays à réorganiser leurs approvisionnements, ce qui est un processus à la fois complexe et coûteux.

La relance budgétaire massive et la faiblesse de l'euro

Pour éviter l'effondrement de l'économie et maintenir les revenus, de nombreux pays ont creusé leur déficit afin de mettre en place des programmes d'aides. D'autres ont opté pour des programmes de relance exceptionnels. Toutes ces dépenses publiques stimulent la demande, ce qui accentue la pression inflationniste.

Par ailleurs, la baisse de l'euro, qui a commencé en 2021, s'est accélérée en 2022, ce qui a occasionné une parité de cette monnaie avec le dollar. La monnaie s'est également dépréciée par rapport à d'autres comme le franc suisse. Cette baisse de l'euro a occasionné le renchérissement du prix des importations, notamment celui des énergies fossiles. Cela a occasionné le renforcement de l'effet d'inflation importée.

Les facteurs structurels

En dehors du fait qu'elle a affecté le mode de vie et de travail de nombreuses personnes, la pandémie a également modifié les besoins. L'achat de certains produits (matériel d'amélioration de l'habitat, biens informatiques…) a bondi pendant et après la crise sanitaire, ce qui a occasionné un dépassement des stocks des entreprises. Par ailleurs, la rareté d'éléments comme les semi-conducteurs a provoqué une augmentation des prix.

Un autre facteur structurel est la politique monétaire menée par les banques centrales entre 2008 et le début de l'année 2022. Dans l'optique de contrer les différentes crises depuis 2008, elles ont pratiqué une politique monétaire d'assouplissement quantitatif qui s'est avérée insuffisante. Non conventionnelle, cette dernière consiste à acheter un maximum d'actifs financiers (y compris la dette publique) afin d'injecter beaucoup de liquidités dans l'économie dans l'espoir de la relancer. Malheureusement, cette pratique a surtout engendré de l'inflation du côté des actifs financiers et de l'immobilier. Des volumes colossaux de liquidité ont d'ailleurs été créés face à une économie dont le potentiel de production est bien plus limité qu'auparavant.

Pourquoi le taux d'inflation est-il différent entre les pays ?

Si l'inflation a augmenté au niveau mondial, il existe de considérables différences entre les pays, notamment ceux de la zone euro où la hausse des prix varie du simple au triple.

Taux d'inflation en pourcentage pour certains pays de la zone euro mesuré par les IPCH

Pays

Taux annuel

Octobre 2022

Mai 2023

Juillet 2023

Septembre 2023

Octobre 2023

Novembre 2023

Belgique

13,1

2,7

1,7

0,7

- 1,7

- 0,7

Allemagne

11

6,3

6,5

4,3

3

2,3

Estonie

22,5

11,2

6,2

3,9

5

4,1

Irlande

9,4

5,4

4,6

5

3,6

3

Grèce

9,5

4,1

3,5

2,4

3,8

3

Espagne

7,3

2,9

2,1

3,3

3,5

3,2

France

7,1

6

5,1

5,7

4,5

3,8

Croatie

12,7

8,3

8

7,4

6,7

5,5

Italie

12,6

8

6,3

5,6

1,8

0,7

Chypre

8,6

3,6

2,4

4,3

3,6

2,5

Lettonie

21,7

10,7

6,6

3,6

2,3

1,1

Lituanie

22,1

10,7

7,2

4,1

3,1

2,3

Luxembourg

8,8

2

2

3,4

2,1

2,1

Malte

7,4

6,3

5,6

4,9

4,2

3,8

Pays-Bas

16,8

6,8

5,3

- 0,3

– 1

1,4

Autriche

11,6

8,7

7

5,8

4,9

4,9

Portugal

10,6

5,4

4,3

4,8

3,2

2,3

Slovénie

10,3

8,1

5,7

7,1

6,6

4,5

Slovaquie

14,5

12,3

10,3

9

7,8

6,9

Finlande

8,4

5

4,2

3

2,4

0,8

Si la France est pour le moment moins touché par la flambée des prix, c'est parce qu'elle est moins dépendante des importations d'énergies fossiles de Russie, car elle dispose d'un important parc nucléaire. Un bouclier tarifaire a aussi été mis en place par le gouvernement afin de contenir la hausse du prix du gaz et de l'électricité. Il pèse toutefois sur les finances publiques et ne pourra pas durer dans le temps.

Ces différences s'expliquent également par la composition du panier des biens et services qui varie d'un pays à un autre. Le stade de développement des pays doit enfin être pris en compte. C'est le cas des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) qui sont dans une phase de forte croissance accompagnée d'une dynamique salariale élevée.

Comment lutter contre l'inflation ?

Pour lutter contre l'inflation, les décideurs et les ménages peuvent mettre en place différentes actions.

Les actions mises en place par les décideurs

L'instrument principal utilisé pour lutter contre l'inflation est la politique monétaire. Les banques centrales disposent d'outils permettant de rendre l'argent plus cher, mais aussi de réduire la masse de liquidités en circulation. Si elle agit toujours avec du retard, la politique monétaire est également incapable d'annuler les pics d'inflation ponctuels.

Pour réussir à faire baisser une inflation résultant d'une inadéquation entre la masse monétaire et le volume de biens et services, il est possible de pratiquer une politique qui favorise l'offre. L'inconvénient de cette dernière est toutefois qu'elle nécessite beaucoup de temps pour obtenir des résultats.

Les banques centrales opèrent un basculement de politique monétaire afin de la rendre plus restrictive (baisse du volume d'achats d'actifs financiers et hausse des taux d'intérêt). C'est le choix qu'a fait la réserve fédérale aux États-Unis dès le mois de mai 2022. Elle a commencé par relever ses taux par 25 points de base (augmentation de 0,25) et est ensuite passée à 75 points de base. La BCE a quant à elle réagi plus tardivement en effectuant une première hausse des taux le 27 juillet 2022, puis une nouvelle le 8 septembre 2022. Il s'en est suivi de trois autres hausses, ce qui a porté le taux pour les opérations principales de refinancement à 3% en zone euro durant le mois de février 2023.

L'actuel tournant de la politique monétaire concerne l'ensemble des grands blocs économiques du monde, mais son succès n'est pas certain. En théorie, le durcissement monétaire ralentit l'activité, l'investissement et la vitesse de circulation des liquidités, ce qui fait baisser le niveau de dépréciation monétaire. Si la phase d'inflation élevée perdure, les agents économiques risquent cependant d'anticiper une inflation durablement élevée.

Les dispositions à prendre dans les ménages

Lorsque l'inflation fait rage, le niveau d'inquiétude de nombreux ménages grimpe. Pour la déjouer, Taux vous présente différentes solutions.

Faites un budget

L'établissement d'un budget est la base en matière de planification financière. Pour être paré à toutes les éventualités, il est bon de savoir ce qui entre et ce qui sort de votre compte bancaire. Lorsque vous dépensez sans compter, vous ne pouvez pas connaître votre marge de manœuvre lors des périodes d'incertitude économique.

En faisant le point de vos dépenses, vous savez très clairement où va votre argent. Par conséquent, vous avez une idée des restrictions à faire pour de réaliser des économies. En établissant un budget, vous pourrez plus facilement surveiller vos dépenses. Cela aide aussi à mettre en place de bonnes habitudes financières comme épargner avant de dépenser ou se créer un fonds d'urgence pour les situations imprévues.

Prenez rendez-vous avec un conseiller en sécurité financière

Le conseiller en sécurité financière est un professionnel qui après avoir pris connaissance de votre situation financière peut vous aider avec votre budget, votre planification de retraite ou vos assurances. En mettant tous ces éléments en harmonie, vous bénéficiez d'un plan concret qui tient compte de tous les aspects de votre situation financière. Possédant un regard neutre, le conseiller en sécurité financière n'a aucun mal à mettre de côté l'aspect émotionnel de la gestion de vos finances qui peut vous porter préjudice.

Achetez des articles de seconde main ou empruntez

Pour déjouer l'inflation, l'achat d'articles de seconde main est une option intéressante. Vous pourrez faire de belles trouvailles (livres, jouets, équipements sportifs, meubles, etc.) dans des magasins ou des sites web spécialisés dans la vente de ce type de produits.

En vous rendant dans une artothèque (organisme pratiquant la location d'œuvres d'art pour quelques mois), il est facile de changer la décoration de votre logement sans vous ruiner. Si vous avez des enfants, n'hésitez pas à vous rendre dans des joujouthèques (bibliothèque de jeu où les membres paient des frais annuels afin d'emprunter des jeux pour toutes les tranches d'âge).

Cuisinez plus souvent

Préparer vos repas au lieu de vous faire livrer ou de vous rendre au restaurant est l'idéal pour réaliser d'importantes économies. Planifiez les repas des 7 prochains jours et prenez le soin de vérifier ce qui est présent dans votre réfrigérateur et vos armoires avant de faire les courses. Pour dépenser moins, intéressez-vous aux aliments de saisons, car ils se vendent moins cher. De même, si vous achetez du thé ou du café tous les matins en vous rendant au travail, commencez par préparer votre boisson depuis la maison afin d'économiser quelques euros.

Réduisez vos abonnements au numérique

Vous n'avez pas besoin d'être abonné à toutes les plateformes de streaming au même moment. Pour réaliser des économies, limitez-vous à une application par mois. Regardez les séries qui vous intéressent et abonnez-vous à une autre application le mois suivant. Faites également le tri parmi les applications payantes qui sont sur votre smartphone et ne gardez que celles dont vous vous servez réellement.

Mettez à jour ses produits d'assurance et optez pour les voyages en basse saison

Des produits comme l'assurance habitation, auto, vie, hypothèque ou santé doivent être régulièrement mis à jour. Vos besoins changent en effet selon l'étape où vous vous trouvez dans votre vie personnelle ou professionnelle. Pensez également à les regrouper afin d'obtenir un rabais.

Se serrer la ceinture afin de déjouer l'inflation ne signifie pas que vous devez abandonner tous vos loisirs. Cela veut plutôt dire que vous devez apprendre à faire des choix judicieux. Si vous aimez voyager, identifiez les périodes les moins achalandées afin de payer de petits prix. De même, il existe plusieurs astuces pour moins dépenser lors de vos vacances. Pour le logement, vérifiez enfin les options avantageuses que proposent les services comme Airbnb.

Faites du troc

Considéré comme la solution par excellence pour lutter contre le gaspillage ou la surconsommation, le troc permet de donner une seconde vie aux objets. L'économie de cette technique connaît tellement de succès que de nombreux sites et applications voient le jour afin de répondre à une demande toujours plus grandissante.

À l'ère du numérique, vous pouvez troquer des vêtements, des jeux, des objets de décoration et même des logements de vacances. Parmi les applications les plus utilisés figurent DigiTroc, TrocAlimentaire, France-Troc ou encore Trocoeur.

Revoyez l'utilisation de la voiture

Dans les villes et les localités qui sont moins bien desservies par les transports en commun, l'utilisation de la voiture est essentielle. Vous pourrez réaliser des économies d'essence en :

Vous pouvez également économiser l'essence en faisant vos courses à pied, en voyageant léger ou en optant pour le covoiturage.

Utilisez vos cartes de crédit intelligemment

L'utilisation des cartes de crédit est bénéfique, car certaines vous offrent des récompenses ou des remises assez intéressantes. Chacun de vos paiements doit toutefois être murement réfléchi. Avant de réaliser un achat impulsif, vérifiez que vous êtes en mesure de rembourser votre solde à la fin du mois, car des intérêts peuvent vous être appliqués.

Examinez attentivement vos relevés mensuels pour vous assurer qu'ils ne comportent pas d'erreurs. Si votre carte de crédit propose un programme de récompense, n'effectuez aucune dépense inutile dans le seul but d'accumuler des points. Si des dépenses imprévues surgissent, contactez enfin votre banque afin de connaître les options possibles. Il se pourrait que des méthodes de paiement dont les intérêts sont moins élevés que ceux de votre carte de crédit vous soient proposées.

Qu'entend-on par désinflation ?

Selon l'INSEE, la désinflation est la baisse du taux d'inflation (tout en restant strictement positif). Elle ne doit pas être confondue à la déflation (inflation négative).

Quels sont les facteurs structurels de la désinflation ?

Les économies des pays industrialisés connaissent différents facteurs de décélération tendancielle de l'inflation. Il s'agit de l'atténuation des déterminants nationaux de l'inflation, de la globalisation des échanges et de l'internationalisation des chaînes de valeur avec une baisse des coûts de production au niveau mondial. Un dernier facteur de décélération tendancielle de l'inflation est la hausse de l'épargne.

Quels sont les avantages et risques d'une politique de désinflation dite compétitive ?

La désinflation peut être l'objectif intermédiaire d'une politique économique visant à améliorer la compétitivité d'un pays en matière de commerce extérieur. En ralentissant la hausse des prix des produits fabriqués sur le territoire national, il est possible d'améliorer la « compétitivité-prix » des produits nationaux par rapport à l'étranger. Cela évite de substituer des produits étrangers aux produits nationaux, mais aussi de doper les exportations.

L'effet pervers d'une politique de désinflation est cependant qu'une politique monétaire de hausse des taux d'intérêt est nécessaire pour la mener à bien. Cela induit une réduction des capacités d'emprunt des ménages et des entreprises, ce qui conduit à la réduction de la demande globale et donc de la production.

Pour réussir une politique de désinflation compétitive, trois conditions doivent être remplies :

Lorsque ces conditions ne sont pas respectées, la politique de désinflation a des effets récessifs et peut causer une hausse du chômage. Dans ce cas, plus la période de désinflation sera longue et plus la hausse du chômage sera importante.

Qu'est-ce que la déflation ?

Selon l'INSEE, la déflation peut se définir comme le gain du pouvoir d'achat de la monnaie. Elle se présente donc comme une inflation négative. Lorsqu'une telle situation s'inscrit dans la durée, elle provoque des réactions attentistes de la part de nombreux agents économiques, ce qui s'avère néfaste pour l'économie. La déflation entraîne la baisse de la demande des biens à la consommation, le ralentissement de l'activité économique et la hausse du taux de chômage.

Quels sont les différents types de déflation ?

Il existe trois types de déflation :

La déflation monétaire est la diminution continue et auto entretenue du prix des biens et services consommés par les ménages dans une zone géographique. Quant à la déflation financière, elle correspond à une baisse générale du cours des actions sur une ou plusieurs places financières. La déflation sectorielle se caractérise enfin par la baisse des prix de produits spécifiques sans avoir un impact sur l'indice général des prix et sans avoir une incidence négative sur l'économie.

Causes et conséquences de la déflation ?

La déflation est le plus souvent causée par un déséquilibre durable entre le niveau de l'offre et celui de la demande. La quantité de biens et services étant supérieure à ceux achetés par les consommateurs, cela engendre une baisse des prix.

De même, plusieurs facteurs cumulés peuvent provoquer une déflation :

Si la baisse générale du niveau des prix semble bénéfique pour les ménages, elle peut s'avérer néfaste pour l'ensemble des acteurs économiques sur le long terme. Par conséquent, la déflation peut avoir des effets négatifs aussi bien sur les ménages que sur l'économie nationale. Elle peut provoquer une surabondance de l'offre et une chute de la consommation des biens et services, un accroissement du taux de chômage et une aggravation de la valeur réelle de la dette. Dans ce cas, les prix et les revenus des agents économiques baissent tandis que les taux d'intérêt sont maintenus. Le coût de la dette augmente, les entreprises sont incapables d'investir et les ménages endettés ne peuvent plus consommer.

L'effondrement de la demande et donc de la consommation provoque un gel des embauches et un accroissement du nombre de licenciements. L'augmentation du taux de chômage entraîne une nouvelle baisse de la demande, car les ménages sont incapables de consommer davantage. La diminution des revenus des entreprises et des consommateurs provoque une réduction des recettes fiscales, ce qui aggrave la dette de l'État (c'est le cercle vicieux de la déflation). Lorsqu'aucune mesure n'est prise, la déflation se transforme en crise économique sévère qui peut être difficile à enrayer.

Qu'entend-on par hyperinflation ?

L'hyperinflation correspond à une situation dans laquelle les prix augmentent de façon excessive. Cette situation naît en général de déséquilibres macroéconomiques comme un fort déficit de la balance commerciale qui conduit à une dépréciation de la monnaie. Celle-ci renchérit le prix des importations et stimule l'inflation. L'hyperinflation peut aussi naître d'un déficit budgétaire élevé que l'État est incapable de financer autrement qu'en créant de la monnaie. Dans ce cas, l'accroissement de monnaie conduit à une hausse des prix.

Il n'existe pas de seuil à partir duquel on parle d'hyperinflation. C'est toutefois la définition de Phillip Cagan qui est le plus souvent retenue : « L'hyperinflation commence quand les prix augmentent à un rythme supérieur à 50% par mois ».

En cas d'hyperinflation, la hausse des prix conduit à une augmentation des salaires qui pousse à une nouvelle croissance des prix. Ce cercle vicieux pénalise l'économie tout entière, rendant très difficile l'équilibre des comptes et donc la création de monnaie afin de combler le déficit public. Lorsque la spirale hyperinflationniste est lancée, elle est difficile à arrêter, car les agents économiques qui anticipent une envolée des prix adaptent leurs comportements en conséquence. Les cas d'hyperinflation les plus récents sont ceux s'étant produits en Hongrie en 1946 avec une hausse des prix de près de 150% par jour et au Zimbabwe en 2008 avec une hausse de 100% par jour.

Conséquences économiques et sociales de l'hyperinflation

En dehors de l'augmentation de la masse monétaire, de la dépréciation et de la hausse des prix, les périodes d'hyperinflation peuvent engendrer une crise économique. La confiance en la monnaie fiduciaire s'étant effondrée, les agents économiques cherchent des alternatives pour préserver leurs actifs. Ladite crise économique peut être exacerbée par des facteurs externes comme la guerre. Les périodes d'hyperinflation peuvent également provoquer une récession. Puisque la monnaie perd rapidement de sa valeur, il est difficile pour les entreprises et pour les consommateurs de planifier leurs dépenses et leurs investissements. Cette situation peut enfin entraver la croissance du PIB.

Sur le plan social, l'hyperinflation occasionne un ralentissement de la production, une envolée du taux de chômage et une baisse des salaires. Cela oblige les ménages à réduire leurs dépenses et à chercher des sources de revenus complémentaires. Cette situation peut également avoir des conséquences néfastes sur l'épargne, car la valeur de l'argent déposé sur les comptes diminue en raison de la hausse généralisée des prix qui rend les placements peu attrayants. La planification des dépenses futures devenant difficile, les épargnants s'intéressent à des alternatives comme le troc afin de se protéger de l'inflation.

Comment mettre fin à l'hyperinflation ?

Lorsque la monnaie a perdu sa valeur, il est impossible de rétablir sa crédibilité. Par conséquent, les pays ayant connu une crise hyperinflationniste finissent par changer de monnaie. Le lancement d'une nouvelle monnaie s'accompagne cependant de réformes économiques drastiques et d'un changement de gouvernement, car le précédent a été discrédité pour sa mauvaise gestion.

En général, la nouvelle monnaie est basée sur l'étalon-or ou sur une autre monnaie afin que la banque centrale ne puisse pas émettre plus qu'elle n'a d'or ou de monnaie étrangère dans ses coffres. Il peut enfin arriver que les autorités monétaires du pays soient tellement décrédibilisées qu'aucune nouvelle monnaie ne peut être lancée. Dans ce cas, la seule solution est d'adopter une monnaie étrangère (le plus souvent le dollar), comme ce fut le cas du Mozambique dans les années 2000.

Qu'est-ce que la stagflation ?

Le terme « stagflation » vient de la contraction des mots stagnation et inflation. Il désigne une économie qui souffre à la fois d'une forte inflation, mais aussi d'une croissance faible, voire nulle. La stagflation est en général accompagnée d'un taux de chômage élevé.

Cette notion est apparue pour la première fois au milieu des années 1960 afin de décrire la situation économique que traversait le Royaume-Uni. Elle est ensuite devenue populaire durant les années 1970 à la suite du premier choc pétrolier de 1973. Les prix du pétrole et de plusieurs autres matières premières sont montés en flèche. Cela a entraîné une forte accélération de l'inflation et un ralentissement de la croissance. Ce phénomène économique finit par se généraliser à l'ensemble des pays industrialisés. Contrairement à la récession qui intervient régulièrement lors de la succession des cycles économiques, la stagflation est très rare.

Quel pourrait être l'impact économique de la stagflation en 2023 ?

Les pénuries d'énergie et la perturbation des chaînes d'approvisionnement ont conduit à une hausse de l'inflation et à une chute de la croissance tout au long de l'année 2022. Dans ce cas, quelles pourraient être les conséquences de la stagflation sur la vie de tous les jours ? D'après les experts, la stagflation est un danger aussi bien pour l'économie que pour les consommateurs.

Une hausse de l'inflation combinée à un affaiblissement de la croissance aurait un impact négatif sur la consommation des ménages. Par ailleurs, l'absence de croissance combinée aux incertitudes qui planent sur les chaînes d'approvisionnement est en mesure d'affecter l'économie tout entière. Il serait donc fort possible d'assister d'une part à la diminution des investissements (celle-ci pourrait entraîner une multiplication des licenciements) et d'autre part à une baisse des revenus, donc de l'épargne.

Comment lutter contre la stagflation ?

Il est possible de lutter contre la stagflation à l'échelle nationale, internationale ou individuelle.

À l'échelle nationale et internationale

La stagflation confronte les États et les banques centrales à une problématique assez délicate qui est de maîtriser l'inflation sans pour autant entraver la croissance. Pour cela, Taux vous présente les dispositions qui peuvent être mises en place.

Augmentation des taux d'intérêt et contre-choc d'offre énergétique

En juillet 2022, la BCE a relevé ses taux d'intérêt. Cela a entraîné une hausse des taux directeurs et une réduction des dépenses des acteurs économiques (l'objectif étant de contenir la flambée des prix). Une telle stratégie comporte toutefois un risque pour la croissance, car elle limite les investissements des entreprises et par la même occasion la consommation des ménages.

Pour de nombreux experts, l'indépendance énergétique et la transition vers de nouvelles sources d'énergie (solaire, éolienne, hygrothermique, etc.) constituent un moyen durable de créer un contre-choc d'offre énergétique. Cela aide à enrayer les risques de stagflation.

Une politique de relance

Les plans ou politiques de relance ont pour but de soutenir la croissance d'une zone monétaire ou d'un pays lorsqu'elle est affaiblie. Elles comportent en général trois volets.

Le premier est la relance budgétaire qui consiste à utiliser le budget de l'État pour soutenir l'activité économique. Cela peut se faire en prévoyant un montant de dépenses publiques supérieur aux ressources prélevées chez les contribuables.

Le deuxième volet est la relance monétaire initiée par les banques centrales dont l'objectif est de stimuler l'activité économique en réduisant les taux d'intérêt et en permettant aux États, aux entreprises et aux ménages d'emprunter à moindre coût.

Le dernier volet est celui de la relance par la réglementation. Il aide les États à soutenir l'économie en votant de nouvelles lois. Il peut s'agir de mesures destinées à accroître le pouvoir d'achat ou à influencer les comportements des agents économiques.

À l'échelle individuelle

Plusieurs éléments offrent la possibilité de limiter à l'échelle individuelle l'impact de la stagflation. Pour cela, vous devez :

Il serait également intéressant de diversifier vos placements et de privilégier des valeurs refuges comme l'immobilier et les métaux précieux en cas d'investissement.

Conclusion

L'inflation se présente comme l'augmentation globale et durable des prix qui occasionne une perte de pouvoir d'achat de la monnaie et une baisse de la compétitivité. Cette situation s'explique par de nombreuses causes comme l'augmentation globale des coûts, l'excès de demande, l'excès de création de monnaie ou un défaut de concurrence. Si les conséquences de l'inflation sont moins graves pour les pays en développement ou pour les emprunteurs, les effets qu'elle produit sont négatifs, car ils diminuent le pouvoir d'achat et baissent le potentiel de croissance.

À travers ce guide que vous propose le comparateur de finances personnelles Taux, vous avez accès au détail des causes et des conséquences de l'inflation. Vous avez aussi des moyens de lutter contre cette dernière.

FAQ

L'inflation a-t-elle des avantages ?

Une hausse régulière et modérée du niveau général des prix (autour de 2%) est un signe de croissance économique. Une telle situation favorise l'anticipation et les investissements productifs des entreprises. Elle encourage également les ménages à placer leurs liquidités. Le niveau peu élevé des taux d'intérêt permet enfin aux différents acteurs d'emprunter à des taux attractifs.

Qu'est-ce que l'indice des prix à la consommation (IPC) et qui le calcule en France ?

L'IPC est l'instrument de mesure de l'inflation. Il aide à mesurer l'évolution générale des prix des biens et des services consommés par les Français. Il est calculé chaque mois par l'INSEE. L'institut procède au calcul de l'IPC entre deux périodes pour chaque série de biens. Le poids de chaque produit présent dans le panier est alors pondéré selon la consommation moyenne des Français pour obtenir une évolution moyenne du prix de panier.

Pourquoi l'inflation sous-jacente est-elle surveillée ?

L'inflation sous-jacente est surveillée parce qu'elle est jugée plus représentative que l'inflation globale. Cette dernière exclut les prix très volatils comme l'alimentation ou l'énergie, ce qui offre la possibilité de dégager une tendance de fond de l'évolution des prix. C'est la trajectoire de l'inflation sous-jacente qui dicte la politique monétaire de la BCE.

Comment sera l'inflation en 2024 ?

D'après le rapport économique, social et financier PLF (projet de loi de finances) pour 2024, la croissance retrouvera un rythme proche de son potentiel. L'activité sera quant à elle soutenue par le rebond attendu de la consommation des ménages (dans un contexte de reflux de l'inflation) et l'investissement sera freiné par le niveau élevé des taux d'intérêt. Par conséquent, l'inflation diminuera nettement en 2024 grâce au ralentissement des prix de l'alimentation et des biens manufacturés.

Comment ne pas perdre de l'argent avec l'inflation ?

Face à l'inflation, il n'existe pas de solution miracle pour protéger votre épargne. La seule option est de diversifier votre patrimoine en cherchant des placements ayant un potentiel de rendement plus élevé. Les plus intéressants sont l'immobilier locatif, l'assurance-vie et les matières premières comme l'or, le pétrole ou le gaz.

Quelle est la différence entre l'inflation et la déflation ?

Considérée comme l'opposé de l'inflation, la déflation est une situation durant laquelle les prix des biens et services baissent et la valeur de l'argent augmente. En cas d'inflation, l'argent perd de la valeur et les prix ne cessent de croitre.

La déflation est-elle pire que l'inflation ?

La déflation semble bien plus attrayante que l'inflation. Elle peut cependant se transformer en une spirale toxique pour l'économie, car la diminution des prix déclenche une baisse des investissements, une chute du revenu des ménages et un ralentissement de la consommation. Dans le pire des cas, elle peut provoquer l'installation d'une dépression durable.

Comment lutter contre l'inflation ?

En fonction de la cause identifiée, la lutte contre l'inflation peut prendre diverses formes. Pour contenir ou faire baisser l'inflation, les pouvoirs publics peuvent mobiliser la politique monétaire, la politique budgétaire, la politique des revenus ou la politique de concurrence. En zone euro, c'est la politique monétaire qui est le plus souvent utilisée (à travers la hausse des taux d'intérêt). Elle est accompagnée d'un soutien aux revenus et au pouvoir d'achat à l'aide de la politique budgétaire.